dimanche 4 décembre 2011

LA PRESSE EN PARLE : ARTICLE DU PARISIEN DU 29 NOVEMBRE

Depuis le 24 octobre, les journées et les nuits de Patrice Lemoine se passent dans une camionnette aux fenêtres obturées, recouvertes de tracts. Emmitouflé dans son blouson, mine fatiguée et casquette enfoncée sur le front, l’ancien boulanger-traiteur de la rue Henry-Monnier (IXe) a entamé une grève de la faim depuis son expulsion par voie d’huissier le mois dernier.
Crédits (LP/C.B.)

Désormais, c’est là, devant Mets et Papilles, son ex-commerce, que l’homme s’est installé. Une adresse qui abrite également, à l’étage, la SCI propriétaire des murs à laquelle il doit les arriérés de loyer qui lui valent son éviction. Derrière l’artisan, le quartier s’est, lui, mobilisé comme un seul homme, avec une pétition revêtue de 400 signatures et un comité de soutien tout aussi conséquent. Les riverains et anciens clients de Patrice Lemoine ont même proposé de constituer une cagnotte qui permettrait au boulanger de régler une partie de ses dettes. Mais la SCI reste inflexible.

« J’avoue ne pas avoir été bon gestionnaire, plaide-t-il. Les factures se sont accumulées et les créanciers refusant d’attendre, je me suis retrouvé dans une situation inextricable. » Venu de sa Bretagne natale dans le IXe arrondissement pour « l’esprit village qui règne » dans le quartier, entre la place Pigalle et la rue des Martyrs, Patrice Lemoine lançait, avec Mets et Papilles sa première affaire, il y a trois ans et demi. « J’ai fait des travaux pour rendre l’endroit agréable, proposé des plats traiteurs, des menus à des prix abordables et un salon de thé, une cave à vin, entouré d’un boulanger, d’une pâtissière et de deux apprentis. J’ai énormément investi… Et énormément galéré aussi. A mesure que les créances de mes fournisseurs s’accumulaient, je n’ai plus pu payer mon loyer de 2000 € à la SCI. Je dois 7000 €. Et j’ai fini à la porte. »

Au fil du blog de quartier qui lui est consacré, ses anciens clients s’émeuvent : « Nous refusons de le voir partir »; « Nous ne laisserons pas faire ce scandale indigne »; « Il a travaillé, travaillé plus, travaillé encore plus, ouvrant jusqu’à point d’heure, faisant des produits de qualité, mais il n’a pas pu échapper au tsunami des intérêts financiers. » Des dizaines de commentaires, tous élogieux…

Et pourtant, le bail de Patrice Lemoine a été résilié le 29 avril. « La seule solution, désormais, pour qu’il puisse retrouver son commerce, serait qu’un nouveau bail soit signé par la SCI avec Mets et Papilles, souligne l’avocate des propriétaires. Mais rien ne dit qu’ils soient d’accord… Patrice Lemoine avait de gros problèmes de , mais en plus, il n’a exercé aucune voie de recours pour empêcher cette résiliation de bail. C’est incompréhensible… »

Le boulanger de la rue Henry-Monnier, lui, compte bien vaincre l’adversité et retrouver sa boutique. « Je reste dans ma camionnette, martèle-t-il. C’est la seule solution pour maintenir la pression… »

Le Parisien

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